Les poèmes en prose sont-ils plus modernes ?
Je ne prends pas des vessies pour des lanternes.
Barbara Botton
La tonnelle est verte où la clématite
Brave le soleil et ses flèches d’or.
Dis-moi que demain, ma chère petite,
Tu consentiras à m’aimer encore !
Les yeux toujours bleus ne sont plus les mêmes,
Leur charmant azur est triste et voilé.
Dusses-tu mentir, dis-moi que tu m’aimes,
Mon cœur souffre et veut être consolé.
Tableau de Aleksander GIERYMSKI « Sous la tonnelle »
J’ai ma tristesse dans ma chair et ma joie dans les livres.
Celui-ci s’est ouvert pour que j’y trouve un droit de vivre
plus acceptable que mon dû. Je me nourris de fables
et de malentendus. Je ne sais pas si mes semblables
comprennent que mon seul bonheur est dans l’imaginaire.
Mon esprit, qui a peur, se sentira toujours prospère
dans la pénombre et l’inconnu où soudain s’organise
un monde revenu de la raison, de ses hantises,
de ses fracas. J’ai mes tourments en marge de mon être :
dans mon verbe qui ment, il m’est loisible de renaître
car je m’abstiens de décider si je meurs ou végète.
Ni vif ni décédé, découvrirais-je un exégète ?
Selon l’humeur de l’écriture, dans mon corps tout est faux,
et mon poème dure comme le pas du girafeau,
le soleil qui verdit, le gel qui brise la logique.
J’entends dans l’irréel une promesse de musique.
Alain Bosquet
Après les Dieux, la place première
Appartient au père et à la mère.
Hésiode