Plus se joignent de voix diverses et contraires,
Plus merveilleux aussi résonne le concert.
Angelus Silesius
Source : Distique du voyageur chérubinique
Mes bras sont entrouverts en forme de lyre
Où se vient reposer l’oiseau de paradis ;
Mon chant sait formuler ce que nul n’a su dire,
Je donne un nouveau sens à des mots déjà dits.
Je suis celui qui pleure et qui vibre pour ses frères ;
J’apprends à s’exalter dans l’honneur de souffrir ;
J’extrais de la beauté des fortunes contraires ,
Et des injustes biens j’enseigne à se guérir.
On espère à ma voix ! mes pleurs même consolent,
Car ils semblent si beaux qu’on veut aussi pleurer !
Et tous ceux qui, dans l’ombre, au hasard se désolent
Sentent un peu de moi sans bruit les effleurer !
Robert de Montesquiou
Un voile clair, un voile épais
Recouvre notre destinée
Mais l’étoile qui nous est née
Demeure une étoile de paix.
Peuvent-ils nous mentir, les astres
Ou se trompent-ils de cent ans ?
Et confondent-ils les désastres
Dans la perspective du temps ?
Étoiles, faites des mensonges !
Je crois mon amour et mes songes.
Jean Cocteau
Source : livre de Jean Marais « Histoires de ma vie », Albin Michel, 1975