Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image.
Charles Baudelaire
Je ne crains pas les coups du sort,
Je ne crains rien, ni les supplices,
Ni la dent du serpent qui mord,
Ni le poison dans les calices,
Ni les voleurs qui fuient le jour,
Ni les sbires ni leurs complices,
Si je suis avec mon Amour.
[..]
Haine qui guette et chat qui dort
N’ont point pour moi de maléfices ;
Je regarde en face la mort,
Les malheurs, les maux, les sévices ;
Je braverais, étant sans vices,
Les rois, au milieu de leur cour,
Les chefs, au front de leurs milices,
Si je suis avec mon Amour.
[..]
(extrait)
Germain Nouveau
tableau de Rafal Olbinski « Manon Pelleas et Melisande »
Vois la roue : elle tourne autour de son essieu,
Ainsi le vers doit-il porter dans son milieu
La pensée, et, précipitant sa course folle,
Avec son tournoiement lui faire une auréole.
La roue en vain s’efforce à s’entrainer plus fort :
Seul, l’essieu qu’elle porte ennoblit son effort.
La roue à son essieu doit être inféodée
Et l’art doit se soumettre aux règles de l’Idée.
Jacques Richepin
source : Anthologie des poètes français contemporains, Paris CH.DELAGRAVE et LEYDE A.-W. SIJTHOFF, 1906
Bien placés, bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots, il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher un thème
pour intituler un poème
mais d’autres fois, on pleure, on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours quelque chose d’extrême
un poème
Raymond Queneau