Une certaine fantaisie
Inconnue à la bourgeoisie
Me permet de m’imaginer
Que j’ai toujours de quoi dîner.
Si mon cœur quelquefois s’élève
Vers l’idéale mer du Rêve,
J’invente alors des paradis
Que je peuple de mes amis.
Bien qu’elle soit pour moi mal faite
La vie est encore une fête :
J’adore son baiser vermeil,
Comme j’adore le Soleil.
Raoul Ponchon
tiré de « La muse frondeuse » Éditions Bernard Grasset, 1971
L’État prend tout, ne donne rien.
Travaille et t’évertue
Pour tes enfants, bon citoyen.
Va, c’est peine perdue.
Plus tard il saura les trouver,
Et, sans cérémonies,
Il te les enverra crever
Au sein des colonies …
Et maintenant, mon vieux lapin,
Pour combler ta misère,
Va faire un quinzième bambin
À ta brave commère.
Raoul Ponchon
tiré de « Et nunc, multiplicamini », « La muse frondeuse » Éditions Bernard Grasset, 1971
Ô Éros, je me suis prémuni contre toi :
Je ne céderai pas, tout mortel que je sois.
Ivre, bien sûr, tu pourras m’emporter,
Mais sobre, la raison saura bien te contrer.
Posidippe de Pella
Source : « La couronne de Méléagre » Anthologie Grecque I, Edition La Différence
traduit et présenté par Dominique Buisset
illustration : Rafal Olbinski « Vénus moderne »