Barbara Botton
Je n’ai jamais commis de crime,
On ne m’a pas assassiné.
Mon remords fut imaginé,
Et mon cœur saigne pour la rime.
Jeune, on aime à parler trépas.
Byron, Musset, l’exemple tente.
Sais-tu de quoi l’âme est contente ?
De montrer qu’elle ne l’est pas.
…
Mais ces choses-là n’ont qu’un jour.
Sourire est bon. La vie est belle.
On se lasse d’être rebelle
A la clémence de l’amour.
L’heureux ciel d’été qui flamboie
N’a pas honte de ses rayons ;
Si nous sommes joyeux, ayons
Le courage de notre joie.
Je suis le passant ingénu,
Celui qui soupire et qui chante
Parce que l’épine est méchante
Et que l’avril est revenu.
Extrait du poème « Finale »
Source : « Pantéleïa » de Catulle Mendès, Dentu & Cie, Éditeurs (Libraires de la Société des Gens de Lettres) Paris, 1887
Il est un beau tableau, de l’Albane, je crois,
L’enfant Jésus, qui dort, est étendu sur la croix.
Tout homme en le voyant se recueille, et l’admire
Essayant l’instrument de son prochain martyre :
Car ton Père le veut, hélas ! divin enfant,
Ce bois sera bientôt tout couvert de ton sang ;
Et quand ta destinée ici-bas sera mûre,
Ce qui fut ton berceau sera ta sépulture.
Par là tu nous apprends, ô jeune Rédempteur !
À préparer notre âme au grand jour du malheur.
Et comme tu le fis en ce monde de boue,
À coucher sur la croix avant qu’on nous y cloue.
Antony Deschamps
Titre original : « L’Enfant Jésus dormant étendu sur sa croix »
Source : « Anthologie de poésie française à l’usage des lycéens et des universitaires », Louis Bance, Éditions Unicité, 2022
Tableau de Francesco Albani » L’Enfant Jésus dormant »
Barbara Botton