Pauvre enfant qui voulez combattre la nature,
Qui doutez de l’amour et repoussez sa loi,
Qu’avez-vous donc souffert, et par quelle blessure
Ce cœur de dix-huit ans a-t-il perdu la foi ?
..
Moi qui suis déjà vieux dans les choses humaines,
Dont le cœur a saigné plus souvent qu’à son tour,
Je ne regrette pas le sang pur dont mes veines
Ont rougi les buissons où je cherchais l’amour.
Car ce que m’ont appris la rose et les épines,
C’est qu’il n’est rien de bon au monde que d’aimer,
Que même les douleurs de l’amour sont divines
Et qu’il vaut mieux briser son cœur que le fermer.
Émile Augier
Source : « Poésies complètes », Calmann-Lévy, Éditeur, 1897
Jeune fille comme un bouleau
Sur le ciel de ma jeunesse,
Mon souvenir comme un halo
T’auréole de tendresse.
Blanc bouleau vert, et chevelu
De brise, et comme un mirage,
Comme un amant qui n’aime plus
J’aime encore ta svelte image.
Et c’est comme un mouvant remords,
Jeune fille végétale,
Quand, comme si j’aimais encore,
Je t’aime en un bouleau pâle.
Marcel Thiry
Source : Marcel Thiry « Poésie », Éditions Universitaires, Paris, 1957
Ponce-Denis ÉCOUCHARD-LEBRUN, dit Lebrun Pindare :
Je pense ..
Je pense : ma pensée atteste plus un dieu
Que tout le firmament et ses globes de feu.
L’amour et la sagesse
Ne cherchons point un vain détour
Pour excuser notre faiblesse :
Les premiers soupirs de l’amour
Sont les derniers de la sagesse.
Contre Monsieur La Harpe
Non, La Harpe au serpent n’a jamais ressemblé :
Le serpent siffle, et La Harpe est sifflé.
Au médecin Bouvard
Puisqu’il faut qu’on m’expédie,
J’aime autant, docte assassin,
Mourir de la maladie
Que mourir d’un médecin
En amour, il n’y a que les commencements qui soient charmants ;
Je ne m’étonne pas qu’on trouve du plaisir à recommencer souvent.
Prince de Ligne
ou Charles-Joseph de Ligne