Est-ce vous que j’ai tant aimée
Et qu’à présent j’aime si peu ?
Se peut-il que d’un si grand feu
Il ne reste point de fumée ?
Mon amour à la robe de phare bleu,
je baise la fièvre de ton visage
où couche la lumière qui jouit en secret.
J’aime et je sanglote. Je suis vivant
et c’est ton cœur cette Étoile du Matin
à la durée victorieuse qui rougit avant
de rompre le combat des Constellations.
Hors de toi, que ma chair devienne la voile
qui répugne au vent.
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Le soir et le matin, la nuit baise le jour ;
Tout aime, tout s’embrasse et je crois que le monde
Ne renaît au printemps que pour mourir d’amour.