L‘automne, en deux soirs,
A doré puis m’a soufflé
Mes feuilles d’espoir
Barbara Botton
De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? – Je n’en sais rien.
L’orage a brisé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine
Le zéphyr ou l’aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais ou le vent me mène,
Sans me plaindre ou m’effrayer :
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.
Antoine-Vincent ARNAULT


Que la tendre saison ramène les oiseaux
Dans le bois où déjà refleurit l’anémone,
Ou que le vent du nord incline les roseaux
Sur les tristes étangs aux soirs d’extrême automne,
Tu scintilles, toujours du même feu léger
Et doux, ô chère étoile, en ta vierge folie,
Et mon cœur fol aussi qui ne sait pas changer
Te garde son amour et sa mélancolie.
Philippe Chabaneix
Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon coeur d’une langueur monotone.
Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure,
Je me souviens des jours anciens et je pleure ;
Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte
Deçà… Delà… Pareil à la feuille morte.
Paul Verlaine
Source : « Œuvres poétiques complètes », Robert Laffont 1992