Cachés par une primevère,
Une caille, un merle siffleur,
Buvaient tous deux au même verre
Dans une belladone en fleur.
Pensif, j’observais en silence,
Car un cœur n’a jamais aimé
Sans remarquer la ressemblance
De l’amour et du mois de mai.
Victor Hugo
« Les Chansons des rues et des bois »
Ne pouvant vous donner ni Sceptre, ni Couronne,
Ni ce qui peut flatter les cœurs ambitieux,
Recevez ce Souci, qu’aujourd’hui je vous donne
Pour ceux que tous les jours me donnent vos beaux yeux.
Philippe Habert
Source : « La Guirlande de Julie »
(1641)
Au mois de mai, de dorure, ou de chaîne 
À ce matin premier jour de l’année
Je vous envoie un brin de gui de chêne ;
N’êtes-vous pas richement étrennée ?
Cette façon d’en donner n’est pas née
De moi premier : les vieux Druides sages
En présentaient ce jour pour bons présages.
Oh ! qu’en ce gui tel signe fût compris
(Car la colle se fait de ses feuillages)
Que votre coeur du mien dût être pris !
Saint-Gelais
« Étrennes »
Psyché, ma sœur, écoute immobile, et frissonne ..
Le bonheur vient nous toucher et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Écoute encore .. Personne
N’est plus heureux ce soir, n’est plus divin que nous. [..]
C’est notre heure éternelle, éternellement grande,
L’heure qui va survivre à l’éphémère amour
Comme un voile embaumé de rose et de lavande
Conserve après cent ans la jeunesse d’un jour.
Pierre Louÿs
extrait du poème « Psyché, ma soeur »
Tandis que l’étoile inodore
Que l’été mêle aux blonds épis
Émaille de son bleu lapis
Les sillons que la moisson dore,
Avant que, de fleurs dépeuplés,
Les champs aient subit les faucilles,
Allez, allez, ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !
Victor Hugo
« Les Bleuets »
