Mon cœur en joie trompe la nature en douceur :
Qu’est-ce donc le frimas ? Blanche ou vermeille fleur.
Peu m’importe qu’il vente car je suis heureux
Que ma chanson enchante même quand il pleut.
J’ai de l’amour au cœur, tant de joie douce, alerte
Que gelée me semble fleur et la neige verte.
Je peux aller sans habits, nu, sans rien sur moi
Car l’amour m’enveloppe et protège du froid.
Bernard de Ventadour
(extrait de « Chanson », source « Poésie des troubadours », établie par Henri Gougaud,
Éditions Desclée de Brouver, 2009)
L’extrait traduit par l’auteur du site, Barbara Botton
Texte traduit :
« J’ai le cœur si plein de joie,
Qu’il transmute Nature :
C’est fleur blanche, vermeille et jaune
Qu’est pour moi frimas;
Avec le vent et la pluie
S’accroît mon bonheur.
Aussi mon Prix grandit, monte;
Et mon chant s’épure.
J’ai tant d’amour au cœur
De joie et de douceur,
Que gelée me semble fleur,
Et neige, verdure.
Je puis aller sans habits,
Nu dans ma chemise,
Car pur amour me protège
De la froide bise. »
Alpes, vous n’avez point subi mes destinées !
 Le temps ne vous peut rien ;
 Vos fronts légèrement ont porté les années
 Qui pèsent sur le mien.
Pour la première fois, quand, rempli d’espérance,
 Je franchis vos remparts,
 Ainsi que l’horizon, un avenir immense
 S’ouvrait à mes regards.
Chateaubriand
source : » Mémoires d’outre-tombe « , 1838
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
 Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
 Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
 Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
 Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
 Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
 Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Mon cœur, plein de douceur et plein d’étonnement,
Cessez de vous mêler à la foule des hommes,
Leurs cris passent vos sens et votre entendement ;
Demeurons l’être simple et tendre que nous sommes …
Craignez les jeux cruels qu’on mène en leurs maisons,
Ils vous détourneraient de la sainte nature,
De l’odeur des jardins et du goût des saisons ;
Aimez ce qui renaît, ce qui chante et qui dure.
…
Mon cœur, entendez-vous cet oiseau buissonnier ?
Tout, en dehors de l’air étincelant, est sombre.
Voici l’été touffu, voyez ce marronnier,
Nous allons tous les deux nous vêtir de son ombre …
Anne de Noailles « Oeuvre poétique complète », Tome 1, Éditions du Sandre 2013