En trompant l’homme que j’aime
je me suis trompée moi-même.
Barbara Botton
Le temps qui défait tout fait de moi un grison :
Mes cheveux sur mes tempes blanchissent à foison
Et ma bite inactive a perdu tout son poids ;
Je n’ai plus dans la main qu’un petit bout de gras.
Je m’étonne parfois en regardant mes couilles :
« A qui sont, m’écriais – je, ces deux pois qui pendouillent ?
La vieillesse est venue ; j’en connais les effets :
Je sais faire l’amour alors qu’il me défait,
J’en aime l’ABC, j’en connais les amorces
Mais ce savoir n’est rien, quand le vit est sans force ».
Straton de Sardes
Source : Straton de Sardes « La Muse adolescente », texte choisi et traduit par Pierre Maréchaux, Éditions Gallimard 1995
« La science sans conscience n’ est que ruine de l’âme. »
Et c’est là que Lucifer fait ses meilleures gammes.
Barbara Botton
Couche-toi sur la grève et prends en tes deux mains,
Pour le laisser couler ensuite, grain par grain,
De ce beau sable blond que le soleil fait d’or ;
Puis, avant de fermer les yeux, contemple encore
La mer harmonieuse et le ciel transparent,
Et, quand tu sentiras, peu à peu, doucement,
Que rien ne pèse plus à tes mains plus légères,
Avant que de nouveau tu rouvres tes paupières,
Songe que notre vie à nous emprunte et mêle
Son sable fugitif à la grève éternelle.
Henri de Régnier
source : « Œuvres de Henri de Régnier », Mercure de France 1913