Je hais comme la mort l’état de plagiaire ;
Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre.
Alfred de Musset
(extrait de « La Coupe et les lèvres »)
… N’accuse pas mon génie avare.
J’offre et dérobe aux coups du désir
Ce qui l’attire et ce qui l’égare,
Ce qui l’enflamme et le fait mourir,
Mais rayonnante et mystérieuse
Dans la blancheur, ma robe d’Isis
Mire des jeux d’ombre spécieuse,
Olivier, saules et tamaris :
Mes plus beaux dons je les dissimule,
Mes meilleurs biens je les enfouis :
Cours à tâtons dans mes crépuscules
Découvre enfin que je t’éblouis !
…
Charles Maurras
(Extrait du poème « Révélation » ; éditeur : Aux Éditions de la Nef, 1942 : « Une anthologie de la Poésie Française » par Kléber Haedens)
Quand, m’éloignant déjà de la fête qui chante,
La Mort autour de moi tissera ses réseaux,
De sa bouche édentée et de sa main tremblante,
Quand une âpre vieillesse aura vidé mes os,
Me souviendrai-je encore des fleurs chaudes et mûres,
De l’odeur des sureaux rôdant au loin dans l’air,
Et des beaux soirs d’orage où le cœur des luxures
Descend d’un pas royal aux vergers de la cher !
Vincent Muselli
(source : « Poèmes » de Vincent Muselli, édité en 1943 par Jean-Renard)
Vous souvient-il de l’auberge
Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Saint Vierge.
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
De l’auberge dans les Landes
Je rêve, – et voudrais revoir
L’hôtesse au sombre mouchoir,
Et la glycine en guirlandes.
(Titre original du poème « Chanson »)