Femme à qui ton destin donna tant et si peu !
Laisse notre défaite insulter ta victoire,
Et trône en écoutant monter contre ta gloire
L’impuissante clameur de notre désaveu ! [..]
J’ai l’âme lasse du destin
et je ne veux plus voir le monde
qu’à travers le voile divin
de tes pâles cheveux de blonde.[..]
Comment oublier le pli lourd
De tes belles hanches sereines,
L’ivoire de ta chair où court
Un frémissement bleu de veines ?[..]
Je viens de bien plus loin que tu ne saurais croire ;
J’ai connu la faim morne et j’ai connu la gloire ;
J’ai vu des fleuves lents et des flots irrités
Glacer les jours d’hiver ou bercer les étés ;
Je sais, hélas, que ce que je fais
Fait rire les autres ou leur déplait.
Combien de fois j’ai honte, j’ai rougi
De mes errements, de mes rêveries
Même si tout ici-bas s’achève,
Ce qui plaît au monde est un rêve.