J’étais fou d’amour pour Suzon,
Femme infidèle ;
Maintenant que j’ai retrouvé la raison,
Je me fous d’elle.
Léon Garnier
Vous souvient-il de l’auberge
Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Saint Vierge.
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
De l’auberge dans les Landes
Je rêve, – et voudrais revoir
L’hôtesse au sombre mouchoir,
Et la glycine en guirlandes.
(Titre original du poème « Chanson »)
Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure,
Sans réclamer de salaire ici-bas ;
Ah ! sans compter je donne étant bien sûre
Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas.
Au Cœur divin, débordant de tendresse,
J’ai tout donné ! légèrement je cours …
Je n’ai plus rien que ma seule richesse :
Vivre d’amour !
[..]
Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même
Un grand trésor en un vase mortel.
Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême !
Ah ! je suis loin d’être un ange du ciel.
Mais, si je tombe à chaque heure qui passe,
Me relevant, m’embrassant tour à tour,
Tu viens à moi, tu me donnes ta grâce,
Je vis d’amour !
Vivre d’amour, c’est naviguer sans cesse,
Semant la joie et la paix dans les cœurs ;
Pilote aimé ! la charité me presse,
Car je te vois dans les âmes, mes sœurs.
La charité, voilà ma seule étoile ;
À sa clarté, je vogue sans détour ;
J’ai ma devise écrite sur ma voile :
«Vivre d’amour !»
(extrait)
Sainte Thérèse de Lisieux
source : « Histoire d’une âme », 1923