Mon amour à la robe de phare bleu,
je baise la fièvre de ton visage
où couche la lumière qui jouit en secret.
J’aime et je sanglote. Je suis vivant
et c’est ton cœur cette Étoile du Matin
à la durée victorieuse qui rougit avant
de rompre le combat des Constellations.
Hors de toi, que ma chair devienne la voile
qui répugne au vent.
* extrait des « Trois soeurs »
René Char
Illustration : tableau « Dame lisant une lettre « de Jan Vermeer
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Le soir et le matin, la nuit baise le jour ;
Tout aime, tout s’embrasse et je crois que le monde
Ne renaît au printemps que pour mourir d’amour.
Saint-Amant
.. C’est toujours risquer ses jours
Que n’avoir mesure en amour,
Mais la mesure au jeu d’aimer
Est qu’on ne doit raison garder.
Marie de France
Extrait du « Lai d’Équitan »
Source : Marie de France « Lais », traduction et présentation de Françoise Morvan, Actes Sud éditeur, 2008