Le printemps aux mille couleurs,
La flamme séduisante à la vive étincelle,
Le troène des champs avec ses blanches fleurs,
Aux suaves odeurs,
C’est elle !
L’hirondelle qui vole au devant du printemps,
Le chevreau qui s’attache au troène des champs,
Attiré par sa fleur si belle ;
Le papillon qui sans effroi
Au flambeau va brûler son aile,
C’est moi !
Félix Bovet
Titre original du poème « Elle et moi » ; source : « Album lyrique de la France moderne », Edouard Hallberger, Stuttgart, 1874
Fleurs sur fleurs ! fleurs d’été, fleurs de printemps, fleurs blêmes
De novembre épanchant la rancœur des adieux
Et, dans les joncs tressés, les fauves chrysanthèmes ;
Les lotus réservés pour la table des dieux ;
Les lis hautains, parmi les touffes d’amarante,
Dressant avec orgueil leurs thyrses radieux ;
Les roses de Noël aux pâleurs transparentes ;
Et puis, toutes les fleurs éprises des tombeaux,
Violettes des morts, fougères odorantes ;
…
Laurent Tailhade
(Extrait du poème « Les fleurs d’Ophélie »)
Par-dessus l’horizon aux collines brunies,
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se pendait sur la terre à l’heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d’un champ,
Sur un mur croulant parmi l’avoine folle,
Blanche, épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l’éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle,
– Et moi, j’ai des rayons aussi ! – lui disait-elle.
Victor Hugo
…
— Ah ! plutôt, le long du sentier
Où la blonde abeille butine,
Je veux cueillir à l’églantier
Une délicate églantine.
L’air vivifiant et sauveur
Des campagnes l’a seul baignée;
Elle fleurit pour le rêveur,
Du passant grossier dédaignée;
Mais lorsqu’un malade, au printemps,
A cueilli la fleur sur sa tige,
Il peut la respirer longtemps
Sans lourde ivresse ni vertige,
Car elle est discrète : les bords
De sa corolle demi-close
Distillent des parfums moins forts
Mais plus doux que ceux de la rose.
Auguste Dorchain
(extrait du poème « L’églantine »)