J’allais embrasser une rose
et voyais cela presque acquis,
soudain ses épines s’y opposent :
« Vous ? C’est de la part de qui ? »
Barbara Botton
…
L’ombre est toujours accusatrice
Où dorment des morts fabuleux
Ici des hortensias bleus
Inexplicablement fleurissent
Dans le cimetière d’Ivry
Dont on a beau fermer les portes
Quelqu’un chaque nuit les apporte
Et fleurit Gabriel Péri
…
Louis Aragon
Source : « Légende de Gabriel Péri », La Diane française, éditions Pierre Seghers, 1945
Il est un grand et beau jardin :
Une haie d’aubépines blanches
Autour d’un tremblement de branches.
Une petite porte d’or,
Toute chose sur le dehors.
Une chanson de voix lointaines,
Un bleu murmure de fontaines.
Et de la terre jusqu’au ciel,
Rien qu’une extase au soleil.
Charles Van Lerberghe
Merci l’humble sarrasin d’être là :
on peut te manger à tous les repas.
Barbara Botton
Aimez vos mains afin qu’un jour vos mains soient belles,
Il n’est pas de parfum trop précieux pour elles,
Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux,
Il n’est pas d’instruments trop délicats pour eux.
C’est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ;
Elles ont pris leur neige au lys des Séraphins,
Au jardin de la chair ce sont deux fleurs pareilles,
Et le sang de la rose est sous leurs ongles fins.
Il circule un printemps mystique dans les veines
Où court la violette, où le bluet sourit ;
Aux lignes de la paume ont dormi les verveines ;
Les mains disent aux yeux les secrets de l’esprit.
(extrait)
Germain Nouveau