J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte, souviens t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends
Quand ce soir tu t’endormiras
Loin de moi, pour ta triste nuit,
En songe pose sur mon bras
Ton beau col alourdi d’ennui.[..]
…
Je bannirai du cœur les soucis ténébreux
Qui viennent en rampant déranger l’harmonie
Et je me sentirai calme comme ces cieux
Dont j’aime le silence et la monotonie.[..]
…
Les roses comme avant palpitent ; comme avant
Les grands lis orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Ici gît, Étranger, la verte sauterelle
Qui durant deux saisons nourrit la jeune Hellé,
Et dont l’aile vibrant sous le pied dentelé
Bruissait dans le pin, le cytise ou l’airelle.[..]