J’ai fui ce pénible sommeil
Qu’aucun songe heureux n’accompagne ;
J’ai devancé sur la montagne
Les premiers rayons du soleil.
S’éveillant avec la nature,
Le jeune oiseau chantait sur l’aubépine en fleurs :
Sa mère lui portait sa douce nourriture,
Mes yeux se sont mouillés de pleurs.
(Extrait de : « La Pauvre fille »)
Alexandre Soumet
Midi chauffe et sèche la mousse ;
Les champs sont pleins de tambourins ;
On voit dans les champs une lueur douce,
Des groupes vagues et sereins.
L’air brûlant fait, sous ses haleines
Sans murmures et sans échos,
Luire en la fournaise des plaines
La braise des coquelicots. [..]
On voit au loin les cheminées
Et les dômes d’azur voilés ;
Des filles passent, couronnées
De joie et de fleurs, dans les blés.
(extrait de « Jours de fête aux environs de Paris »)
Victor Hugo
…
J’ai regardé longtemps, assis sous les vieux charmes,
Près du pont, me sentant monter aux yeux les larmes
Que fait venir l’aspect de la beauté parfaite.
Parfois passait, dans l’or du bel automne en fête,
Odeur de la Toussaint funèbre, attristant l’heure
Du tendre souvenir lointain des morts qu’on pleure,
Un monotone et doux parfum de chrysanthèmes.
– Et soudain j’ai songé que je mourrais moi-même …
Et j’ai dit à l’automne, aux longs rayons obliques,
Au vent, au ciel, aux eaux, aux fleurs mélancoliques :
« Je ne vous verrai plus, un jour, beauté du monde !
Tu ne couleras plus en moi, douceur profonde »
…
Fernand Gregh
(extrait du poème « Promenade d’automne »)
…
Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
Et ce divin laurier des âmes exilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées,
L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !
…
Stéphane Mallarmé
(extrait de « Les Fleurs »)