par admin
Réséda
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VERLAINE Paul
Ici gît, Étranger, la verte sauterelle
Qui durant deux saisons nourrit la jeune Hellé,
Et dont l’aile vibrant sous le pied dentelé
Bruissait dans le pin, le cytise ou l’airelle.
Elle s’est tue, hélas, la lyre naturelle,
La muse des guérets, des sillons et du blé ;
De peur que son léger sommeil ne soit troublé,
Ah ! passe vite, ami, ne pèse point sur elle.
(Extrait d’ « Épigramme funéraire »)
L’étang dont le soleil chauffe la somnolence
Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
Les uns, sortis de l’eau, se dressent tout tremblants,
Et dans l’air parfumé leur tige se balance.
D’autres n’ont encore pu fièrement émerger :
Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
On les voit remuer doucement et nager :
L’eau frissonnante affleure aux bords de leur calice.
D’autres, plus loin encore du moment de surgir
Au soleil, ont leur fleur entière recouverte …
On peut les voir, bercés d’un remous sur l’eau verte :
Écrasés par son poids, ils semblent s’élargir.
…
Ainsi sont mes pensées dans leur floraison lente,
Il en est d’achevés, sans plus rien d’hésitant,
Complètement éclos, comme, sur cet étang,
Les nénuphars bercés par la brise indolente.
Edmond Rostand
(extrait du poème « Les Nénuphars »)