Créée après l’homme, après les animaux,
C’est une femme qui aura le dernier mot.
Barbara Botton
illustration : » Umbrella » de Rafal Olbinski
Toi qui m’accompagnais ainsi qu’une ombre blanche
Effacée à jamais par la terre où tu gis :
Partout je vois ton vide et, si bougent les branches,
Je m’arrête. Tu vas surgir de ce taillis.
Francis Jammes
Source : « Le troisième LIVRE DES QUATRAINS », Mercure de France, 1924
Qu’elle est belle la terre, avec ses vols d’oiseaux
Qu’on entrevoit soudain à la vitre de l’air,
Avec tous ses poissons à la vitre de l’eau !
La peur les force vite à chercher un couvert
Et l’homme reste seul derrière le rideau.
Qu’elle est belle, la terre, avec ses animaux,
Avec sa cargaison de grâce et de mystère !
Le poète se tient à la vitre des mots.
Cette beauté qu’il chante, il la donne à son frère
Qui se lave les yeux dans le matin nouveau.
L’air est si chaud que la cigale,
La pauvre cigale frugale
Qui se régale des chansons,
Ne fait plus entendre les sons
De sa chansonnette inégale.
Et rêvant qu’elle agite encore
Ses petits tambourins de fée,
Sur l’écorce des pins chauffés
Où pleure une résine d’or
Ivre de soleil, elle dort.
Paul Arène